Alerte. Les gypaètes de Corse menacés d’extinction à brève échéance

 

La population d’Altore, notre gypaète barbu*, est en forte diminution en Corse. Une réduction de 50% des effectifs en seulement quatre ans fait craindre le pire pour les années à venir. 

La chute notée ces dernières années, semble se préciser avec seulement cinq couples présents aujourd’hui (au lieu de dix il y a quatre à cinq ans) et six l’année dernière. Ce triste constat résulte d’une semaine de suivi scientifique effectué entre le 26 décembre 2011 et le 2 janvier 2012 par les équipes du Parc naturel régional de la Corse.

Face à cette situation, la Vulture Conservation Foundation (VCF) et la Ligue pour la protection des oiseaux (en tant qu’opérateur national d’un plan d’action dont le PNR Corse est l’opérateur régional) ont réagi.

Elles considèrent que ce serait un crime de laisser s’éteindre cette petite population qui représente, selon les spécialistes, un véritable trésor génétique : ces oiseaux sont les ultimes représentants des innombrables gypaètes qui peuplaient il y a des milliers d’années l’Europe occidentale. “Notre” rapace bénéficie également d’une protection totale depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. Il est inscrit à l’annexe I de la directive Oiseaux et de l’Union européenne.

On s’explique mal la disparition de certains adultes : le couple de Bavella par exemple a totalement disparu. La longévité de l’Altore est estimée à une trentaine d’années et l’hypothèse d’une mort est pratiquement exclue. Mais la priorité veut qu’on s’intéresse aujourd’hui au succès de la reproduction.

Un plan d’urgence de la dernière chance a été proposé pour essayer de sauver la vie aux quelques poussins qui naissent chaque année (cinq l’an dernier). Ce plan, repose principalement sur un type de nourrissage favorisant la survie des poussins dans leurs deux premiers mois d’existence. La technique consiste à apporter aux couples nicheurs, dès l’éclosion, une nourriture assez tendre pour être distribuée au jeune.

Ce plan a été accepté par les partenaires en Corse dont le parc naturel régional. De son côté la VCF se dit “prête à collaborer activement et étroitement avec le PNR de Corse et tous les partenaires possibles”. Pourtant, malgré l’urgence ce  plan n’est toujours pas opérationnel.

U Levante demande à ses militants de faire circuler l’information afin de sauver le plus grand rapace de Corse et d’Europe. Un important élément du patrimoine corse est en train de disparaître.

 

* Le gypaète barbu atteint 2,80 mètres d’envergure. La présence de vibrisses (moustaches) à la base du bec lui ont valu son nom de barbu.  Photo.  CC_SA_NC Geoffrey Gilson

Rapport de suivi 26 décembre 2011 au 2 janvier 2012 • extraits

Ascu : un couple adulte. Nid occupé.
Bonifatu : un couple adulte. La ponte semble imminente.
Tartagine : pas vu d’oiseau de toute la journée. En revanche observation récente d’un couple.
Scala : seulement un adulte pendant les deux jours d’observation. En 2010 déjà le territoire était occupé par un seul oiseau.
Populasca : un couple adulte.
Restonica. un couple adulte. La ponte semble imminente.
Bavella  : pas d’observation pendant deux jours. Ce territoire n’est pas occupé. La dernière observation date de juin 2010.
Guagnu et Varghjellu : nid non occupé.
Fangu : pas d’oiseau observé de toute la journée.

Suivi : Paolo Fasce avec Jean François Seguin et Jose Torre du parc naturel régional de la Corse