Hallali jusqu’à la lie

Le truc d’U Levante c’est plutôt la ténacité. Alors pensez, quand les plans locaux d’urbanisme de Bunifaziu, puis Sartè, Portivechju, Sarra di Farru, Ulmetu, Calcatoghju… ont été annulés, les uns après les autres, on n’a pas boudé notre satisfaction. Certes, nous attendons encore les jugements pour Borgu, Ota, Aleria, Coti Chjavari… Certes certains maires ont fait appel. Mais vraiment, sans blague ! Pour une fois qu’on n’a pas ouvert la « boîte à baffes » et que la loi a servi de support pour « dire le droit », pour une fois qu’un juge a eu le courage de l’indépendance, on voit mal ce qui nous empêcherait de nous réjouir.
Cette bataille-là, les associations pour l’environnement l’ont gagnée. Elles ne le doivent qu’à leur mérite et à l’engagement de tous ceux qui ont compris qu’il y a pas de petits coups de main. Que la défense d’une conviction passe par un don de temps à la hauteur de ses possibilités. Chacun fait ce qu’il peut mais, nombreux, cela finit par fonctionner.
Pourtant, sorti de l’euphorie et des congratulations mutuelles, il faut raison garder. Qu’avons-nous gagné finalement ? Le droit de nous battre, et de nous battre encore. Hier nous faisions rire, aujourd’hui nous sommes craints. Face à nous, de gros appétits mieux armés en capital social et en capital tout court. Ce sont leurs intérêts qu’on contrarie.
Ils ne craignent pas de manier ni l’intimidation, ni la pression, ni le chantage. Chantage à l’emploi, chantage à la sécurité des personnes… Les menaces se font plus directes. La Corse est à vendre et nos aspirations contrarient la bonne marche de leurs affaires. Aussi leur riposte s’organise-t-elle et ça pleut de toutes parts.
Nombre de VIP ou édiles ont tout à gagner à rester du « bon côté du manche ». C’est ainsi que le préfet s’autorise sans sanction à s’ériger en juriste interprète. Quant au président du tribunal administratif, il vient juste d’être muté. Nous, nous sommes là. Combatifs, sereins, lucides.