Espèce protégée. Le Conseil général peut sauver Fuirena

Il suffirait que les aménageurs du Conseil général 2A s’intéressent à la biodiversité ; il suffirait qu’ils appliquent les quelques préconisations de la Dreal et Fuirena serait sauvée. Et pourquoi non ?

 

Dans notre société, il y a ceux qui font les routes et ceux qui s’occupent de biodiversité. Mais pourquoi diantre les choses sont-elles si cloisonnées ? Le Conseil Général de la Corse du Sud fait agrandir beaucoup de petites routes, et c’est très bien pour éviter des accidents. Hélas, il fait cimenter la bordure de la route du côté montagne et voilà qu’il détruit une espèce discrète, rarissime et protégée : Fuirena pubescens.
La Corse du Sud est le seul département de France présentant cette espèce, laquelle s’installe dans les fossés, les pelouses humides de bord de route.

Fuirena pubescens et localisation du site - ph. G. Paradis

 

Actuellement, la destruction de Fuirena se déroule dans la descente de la départementale 355 au niveau du col de Gradellu. 

La Dreal est intervenue à plusieurs reprises pour alerter le président du Conseil général de la Corse-du-Sud, maître d’ouvrage, de cette destruction. Deux récents échanges en mai puis en juillet dernier ont abouti à préconiser des solutions pratiques faciles à mettre en œuvre. Mais le service des routes n’en a cure. Il continue à bétonner et donc à éliminer cette petite espèce protégée, partie intégrante de notre patrimoine.

Ah ! Si les aménageurs prenaient conscience de leur responsabilité environnementale ; si le respect de la biodiversité faisait partie intégrante de l’image d’excellence qu’ils ont de leur travail !

Faire des routes, aménager, construire… c’est aussi toucher des équilibres. Sans un sursaut du service des routes du conseil général 2A, la destruction d’une station longue de 100 mètres au col de Gradellu est imminente. Les travaux d’élargissement proprement dits sont terminés mais il reste à stabiliser les accotements de la route. Malgré la destruction de certaines stations lors de la première tranche, les stations subsistantes se reconstitueront si on leur en laisse le temps. De plus ces fossés humides représentent un refuge pour toute une biodiversité : espèces végétales, insectes et amphibiens.

1ère tranche de travaux - ph. C Féral, Dreal
Il est à craindre que le service des routes,
fasse un fossé bétonné entre le talus et la bordure cimentée.

 

Oui on peut agrandir une route sans détruire une espèce rarissime et protégée. La préservation de la biodiversité pour laquelle les politiques font de longs discours passe par de petits gestes simples. Simples et si efficaces.

Reste juste au Président du conseil général de la Corse du Sud de suivre les préconisations de la Dreal :

• pas de fossé bétonné et plus de travaux de drainage des accotements de la route.

• stabilisation des accotements par une bordure béton, on recreuse légèrement le fossé pour laisser l’eau y rester le plus possible et la végétation s’installer.

• entretien annuel du fossé et des accotements par épareuse fin août.
 Entendez-vous ? Le temps presse !

La plante en question est concernée par l’arrêté du 24 juin 1986 relatif à la liste des espèces protégées en région corse (venant complémenter la liste nationale) « Art. 1er.Sont interdits, en tout temps, sur le territoire de la région Corse, la destruction, la coupe, la mutilation, l’arrachage, la cueillette ou l’enlèvement, le colportage, l’utilisation, la mise en vente, la vente ou l’achat de tout ou partie des spécimens sauvages des espèces ci-après énumérées.
Toutefois, les interdictions de destruction, de coupe, de mutilation et d’arrachage ne sont pas applicables aux opérations d’exploitation courante des fonds ruraux sur les parcelles habituellement cultivées. »

Habitat de Fuirena - ph. G. Paradis