Murtoli : “La Table de la Plage”, un restaurant en site totalement inconstructible

Sur le site internet du Domaine de Murtoli, sur les parcelles C764, 1221 et 1222 du cadastre de la commune de Sartene, en bord de mer et à l’embouchure du fleuve Ortolo, de nombreux bâtis constituent les structures récentes du restaurant « La Table de la Plage » :

v. http://www.murtoli.com/fr/location-villa-luxe-corse-01.html#!fr01 Voir « Les tables » puis « La Table de la Plage ».

Les images montrent un restaurant de luxe, des structures annexes, des pistes et des parkings. Aucune autorisation, aucun permis n’ont été trouvés sur les registres de la mairie : le lieu est totalement inconstructible car il bénéficie de nombreuses protections réglementaires.

Image Google Earth de juillet 2017

Les parcelles C1221 et C1222 sont la propriété de la SCEA STP, la parcelle 764 est la propriété de Paul Canarelli. Sur le cadastre, aucun bâti n’est représenté.

1 – Ce restaurant est dans un espace boisé classé, inconstructible, non déboisable

Extrait de la cartographie des EBC – En rose : localisation des constructions

2 – Ce restaurant est dans un espace remarquable inconstructible du PADDUC

Extrait de la carte n° 9 (ERC) du PADDUC approuvé en 2015 – En rose la localisation des constructions dans l’ERC 2A48

3 – Ce restaurant est dans une zone naturelle d’intérêt floristique et faunistique de type 1, en zone Natura 2000 (arrêté ministériel du 17 mars 2008) sans qu’une étude d’impact ait été réalisée et sans que l’avis de l’autorité environnementale ait été sollicité, en ZSC (Zone Spéciale de Conservation), en APPB (Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope)

Cartes superposant les protections et les constructions – En rose la localisation des constructions

Le règlement contenu dans l’Arrêté préfectoral de protection de biotope est précis :

Le règlement applicable à cet APB stipule :

  • « 9°- Il est interdit de troubler la tranquillité des lieux en utilisant tout instrument sonore.
  • 10°- Il est interdit de porter atteinte au milieu naturel en faisant des inscriptions autres que celles qui sont nécessaires à l’information du public ou aux délimitations foncières.
  • 11°- Tout travail public ou privé est interdit, sauf ceux nécessaires à l’entretien du périmètre protégé.
  • 12°- Toutes activités industrielles et commerciales sont interdites.
  • 13°- La circulation de tout véhicule à moteur est interdite en tout temps sur l’ensemble du périmètre protégé ».

Or des concerts sont donnés et de la musique est diffusée, les atteintes au milieu naturel sont légion (déboisement, ouverture de pistes), il s’agit bien d’un commerce, les véhicules à moteur y pénètrent et y stationnent ! Les images du site montrent qu’une cuisine avec des fours y est installée et qu’un incendie est donc toujours possible.

 4 – Ce restaurant situé dans la bande des 100 mètres d’une zone vierge est soumis à l’application de la loi Littoral … qui l’interdit.

Ces parkings, ces pistes, ce restaurant sont donc totalement illégaux. Et pourtant tout fonctionne et s’agrandit chaque année sans que, à notre connaissance, l’État, chargé du contrôle de légalité, et le maire, premier officier de police de la commune de Sartè n’aient porté plainte. Mieux, alors que des photographies aériennes plus récentes datant de 2013 étaient disponibles dès janvier 2016 et celles de 2016 disponibles en janvier 2017 et sont régulièrement utilisées par les services de l’État, le cabinet Biotope a travaillé en 2016 à partir de Cartes topographiques de 2007 fournies par la DREAL de Corse.

La cartographie 2007 proposée ne peut pas être exacte compte tenu de l’anthropisation des milieux qui a eu lieu entre 2007 et 2016. Les cartes sont obsolètes pour les pistes comme pour les constructions édifiées et le golf réalisé.

Ni vus ni connus, pas pris ; tellement réels … et totalement impunis!

U Levante a porté plainte début 2016 … et depuis attend.

Si les propriétaires du Domaine de Murtoli ne sont pas poursuivis par l’État malgré toutes ces infractions commises sur un site remarquable et dans la bande des 100 m, comment le même État pourra-t-il poursuivre, en Corse, le même type d’infractions sur d’autres sites remarquables et dans la bande des 100 m… sauf pour M. le Préfet à soutenir que le respect de la loi s’arrête là où commence le Domaine de Murtoli et démontrer ainsi que l’égalité des citoyens devant la loi Littoral et le Padduc est une illusion ?

 PS : si la Justice et/ou l’État veulent démentir ces informations, U Levante s’engage à publier leurs courriers.