Incivisme ou inconscience ? Des quads rugissants dans les espaces protégés

Plage de Paraguanu (Corse-du-Sud près de Bunifaziu), un beau dimanche de septembre, qui pourrait être aussi d’octobre… Quelques familles profitent de la plage et du calme ambiant. Un bruit assourdissant monte, précédant une horde de quads rugissants, pétaradants. Malgré les protestations des baigneurs, les engins ont labouré la plage, se lançant à l’assaut des talus de posidonies, avant de sortir par le sentier “grand site”. Leurs traces se perdent vers la Strada Vechja.

Plage de Paraguanu. Corse du Sud. Fin septembre 2012

Les conducteurs de ces petits engins sont passés, comme on le voit, juste devant les panneaux signalétiques de la Réserve naturelle des Bouches de Bunifaziu, devenue également Parc marin international.

Faut-il rappeler, mais n’est-ce pas du bon sens ? que la loi de janvier 1991 régit la circulation des véhicules à moteur dans les espaces naturels (code de l’Environnement articles L.362-1 à L.362-8). Elle interdit la circulation des véhicules motorisés en dehors des voies ouvertes à la circulation publique (routes nationales, départementales, communales et chemins ruraux). La pratique du hors piste est donc formellement interdite.
En cas de non-respect de ces dispositions, le contrevenant s’expose à une amende de 1 500 € (contravention de 5e classe) et à l’immobilisation du véhicule.

Bien que la circulation des véhicules à moteur dans les espaces naturels soit strictement réglementée, on constate que cette réglementation reste fortement méconnue et donc souvent transgressée par des pratiquants de plus en plus nombreux et souvent peu conscients des dommages importants que leur passage réserve aux habitats naturels. Le conseil d’État a pourtant confirmé la circulaire du ministère de l’Écologie datée du 6 septembre 2005, qui donnait des instructions aux préfets et aux services de police afin de mettre un terme à la prolifération de certaines pratiques dommageables pour l’environnement.

Dans le même ordre d’idée, il faut pointer le nombre de sites internet illégaux qui vantent la découverte des espaces naturels en quads, ou 4X4. Des randonnées de ce type sont même organisées sur des thèmes environnementaux, alors même qu’on connaît l’impact de la circulation des véhicules à moteur sur les milieux naturels (altération des habitats, dégradations et érosion des sites et des chemins), sur la faune (dérangement, modification du comportement) et sur la flore.

La gêne et les nuissances que peuvent représenter ces véhicules pour les autres usages de la nature ne sont pas davantage pris en compte. Le quad particulièrement en vogue est même paradoxalement représenté comme une nouvelle forme de moyen de locomotion pour découvrir la nature.

Notre patrimoine dégradé. Dallage après le passage de quad en 2011

 

 

 

 

 

 

Parfois encore, c’est le patrimoine qui trinque. Il en est ainsi des anciens chemins de transhumance et de pèlerinage vers la Trinité de Bunifaziu, édifiés à coups d’efforts et d’ingéniosité (voir photo ci-dessus). Ils font partie de la diversité du  patrimoine bâti et sont un témoignage de notre culture et du passé de l’île. Or, après des siècles de résistance contre le temps, contre les intempéries et le passage des peuples, ces chemins sont en train de disparaître sous les roues des quads, moto cross et autres engins motorisés qui déchaussent les pavés sur leur passage et provoque des ravinements destructeurs. Au départ de ses sentiers, qui font partie de la réserve di e Bocce di Bunifaziu, aucun panneau ne marque ni l’interdiction ni ne stipule les réglementations d’usages. Cette zone présente pourtant un intérêt écologique paysager et historique remarquable ou le degré d’anthropisation est important.

Si vous pratiquez les sports mécaniques tout-terrain, prenez le temps de lire la circulaire du 06 septembre 2005 sur la “Circulation des quads et autres véhicules à moteur dans les espaces naturels” et prenez connaissance de la réglementation.
Sur place, assurez-vous que les voies que vous souhaitez emprunter sont bien “ouvertes à la circulation des véhicules à moteurs” : un chemin qui n’est pas accessible à une voiture est interdit à tout autre véhicule à moteur, même en l’absence d’une barrière ou d’un panneau d’interdiction.
Le respect de cette réglementation contribuera à la préservation de l’environnement et notamment des espaces protégés à ce titre et au respect des divers utilisateurs de ces espaces.

 

Source ABCDE