Coggia veut sacrifier ses terres agricoles pour un golf

Coggia (Corse-du-Sud) vient d’arrêter son PLU. Lever de boucliers sur un document qui prévoit un parcours golfique sur des terres agricoles. Ce nouveau PLU ne respecte ni le code de l’urbanisme, ni le schéma d’aménagement de la Corse… ni même le bon sens.

 

Une fois n’est pas coutume, toutes les administrations s’opposent au projet de PLU de Coggia (800 habitants).  Mais de quoi s’agit-il exactement pour que ce document provoque une telle levée de boucliers ? La commune ambitionne de réaliser un golf de 18 trous. Un de plus direz-vous ! En Corse dix-neuf autres communes portent la même idée ! Rien d’original ni de novateur dans cette idée salvatrice (sic) du développement économique insulaire.
D’autant que le projet ne date pas d’hier. On parlait encore en francs quand Le Moniteur faisait paraître un article annonçant la création à Coggia d’un « établissement thermal, hôtel quatre étoiles, village résidentiel pour un investissement de 170 millions de francs ». C’est ce même projet qui fait jour au travers du PLU arrêté et dont l’enquête publique vient de s’achever.

Le bât blesse quand on sait que ce projet de développement touristique vise à rendre constructibles 102 hectares dont la majeure partie serait prélevée sur des zones agricoles de fortes potentialités. 66 hectares consacrés au green, 36,5 autres hectares immédiatement urbanisables et une zone d’urbanisation différée. En effet, la rentabilité financière du projet de golf passe par la construction de 180 résidences secondaires (si on considère que chaque construction nécessite 2000 m2). On pèse l’impertinence d’un tel dessein dans une commune où le taux de résidences secondaires atteint déjà 50% (source Insee).

Enfin, là aussi, est prévue la restauration des anciennes bergeries en ruines de Russignolu à des fins touristiques : l’exemple de Corse du Sud est extrêmement contagieux!

Hormis les conseillers municipaux qui ont arrêté ce document d’urbanisme, chacun s’accorde à en montrer l’illégalité et le non-sens.
La Commission de consommation des espaces agricoles a émis un vote défavorable en raison de la trop forte consommation des terres de bonne potentialité agricole.
•  L’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) montre que la zone constructible liée au projet de golf (AUT) impacte 14 hectares de terres classées. Même si elles ne sont pas plantées à ce jour, elles présentent un caractère cultivable important.
L’INAO montre aussi que zone destinée à être aménagée en golf (AF) couvre 66 ha de terres classées présentant une véritable vocation agricole de moyenne à très forte potentialité agropastorale, qui perdraient de fait leur caractère cultivable.
De plus la cohabitation entre la pratique du golf et l’élevage ovin ou caprin semble compliquée à mettre en place.

La chambre d’agriculture 2A a émis un avis défavorable.
L’État avise que la consommation d’eau à l’usage d’un golf entamerait largement les réserves de la commune.
L’État avise également que golf et agriculture sont incompatibles d’autant plus que cette zone sera compromise du point de vue de l’agriculture alors qu’elle est complémentaire de la plaine et permet de mettre en sécurité les animaux en cas de crue du Liamone.
Il soulève que sur le secteur concerné de Penisolu :

Une zone de 14 ha (AUT) destiné à un projet d’hôtel et de logements liés au golf est implanté sur des terres agricoles mécanisables. Tandis qu’une zone (AF) de 48,60 ha, est composé à 60 % par des terres de bonnes potentialités dont 45 % sont actuellement exploitées. Cette zone est d’ailleurs déclarée dans l’atlas littoral comme coupure d’urbanisation.
Ces deux zones AUT et AF s’inscrivent dans un espace de concentration de terres agricoles de qualité.
Leur urbanisation ou l’affectation à un parcours de golf ne permettent pas de considérer que la préservation des terres agricoles est assurée. De plus le secteur AUT est contraire aux dispositions de l’article L 146 – 4- 1 et 2 du code de l’urbanisme.

U Levante a rendu des conclusions qui vont dans le même sens.

 

PLU ARRETÉ DE COGGIA – CORSE DU SUD

Zonages AUT de Penisolu (14,3 ha), AUQ de Temuli (10,6 ha), AUQ d’Esigna (7,8 ha), Nb de Rosignolu ( 3,8 ha), AF (66 ha)

Zonage AF de 66 hectares, entre Esigna et Penisolu, est destiné au parcours de golf. La coupure d’urbanisation de l’Atlas devient une partie du parcours de golf.

Zonage AUt de Penisolu, sur 14,3 hectares ( terrains actuellement communaux) : projet hôtelier et un centre de thalassothérapie ou de remise en forme.

Deux zonages AUQ de Temuli (10,6 ha sur une seule parcelle) et d’Esigna (7,8 ha) destinées à des zones résidentielles

Secteur Nb des anciennes bergeries abandonnées de Rossignolu avait une vocation agricole (terrain communal) : « réhabilitation » et nouvelles constructions à des fins commerciales.

 Le zonage 2AU dans le secteur d’Esigna-Livida est en attente d’urbanisation