Corse : privatisation des plus beaux sites marins

Après la privatisation des plus beaux sites terrestres, la privatisation des plus beaux sites marins

 « …Cette résistance est aujourd’hui possible et nécessaire, elle se doit conscience, lucidité sur nous-mêmes et élévation du savoir. Sinon le territoire que nous laisserons aux générations futures sera celui des marchands, des voyous et des profanateurs. »

Marcu Biancarelli – Colloque Tarra è mari unu sò  2010

Slide1 Tarra è Mari unu sò. 

Terre et mer ne font qu’un, devise de l’association U Polpu.

Devise que l’on pourrait décliner aussi en Tarra , Mari è Omu unu sò.

Car que serait la terre sans l’homme et l’homme sans la terre ?

Mais on voit aujourd’hui cette terre être dépecée par pans entiers, morceaux par morceaux, piémont après espaces littoraux, collines après collines, espaces boisés après terres agricoles. Et ce, à l’initiative de certains maires, sous l’œil bienveillant et complice de l’État et de ses services.

Alors que l’état n’ignore rien du lien entre spéculation immobilière et foncière et les dérives actuelles qui minent la société corse, on assiste, impuissants, à la mise à l’encan de cette terre. Que les associations fassent annuler un PLU inique et les préfets, au mépris de la loi et des décisions de justice, continuent d’accorder, par centaines, des permis de construire sur des zonages inconstructibles. Qu’un PLU soit menacé d’annulation et les maires le retirent, sachant que les permis déposés par la suite ne seront jamais refusés. On ne peut que s’interroger sur l’attitude irresponsable de l’État qui a ouvert ainsi une  boîte de Pandore qu’il sera difficile de refermer.

Comme si cela ne suffisait pas de livrer la terre à la résidentialisation, l’heure est venue de la résidentialisation de la mer.

Tarra è mari unu sò.

Ainsi la Dreal , répondant, une fois de plus, aux sollicitations de certains maires, au lieu de tempérer cette fuite en avant,  ne bloque pas les projets de mouillages organisés en milieux théoriquement protégés (réserve naturelle, parc marin international, Natura 2000) et surtout, hasard ou coïncidence, juste en face de lotissements de résidences secondaires (qui se déclarent d’abord en association afin d’obtenir l’AOT et qui ensuite feront payer les quelques bateaux de passage qui voudront s’amarrer : business is business).

Lecci, Petrusella, Piantarella, Rundinara et demain Cala Purcili, Punta d’Oru, Palumbaghja, La Sauvagie, etc.

Comme il faut boire le calice jusqu’à la lie, ces mouillages organisés nous sont présentés comme des projets protecteurs de l’environnement alors qu’ils ne sont, en fait, que générateurs de pollutions, pour les plus récents au cœur même de la réserve naturelle de Bunifaziu, et qu’ils servent surtout des projets économiques pour des intérêts privés aux dépens d’un bien public.

Ces ports de plaisance, déguisés en mouillages organisés, vont souiller par les déjections produites les eaux cristallines des plus beaux golfes. Serions-nous destinés à patauger dans les rejets d’hydrocarbure, les matières fécales et les staphylocoques dorés ?

Si tant est que nous puissions accéder à ces plages, car entre les sentiers du littoral inexistants ou condamnés, les accès par la terre interdits par des murs hérissés de caméras et, pour les petites plages (exemple Cala Purcili) les accès par mer barrés par ces zones de mouillage privé, y arriver relève du parcours du combattant très aguerri ! Si malgré tout on a passé avec succès l’épreuve « du feu »,  reste à affronter certains cerbères, qui surveillent, l’aboiement incendiaire  aux lèvres ou plus grave , la menace la plus dissuasive à bout de bras.

Projet économique, mais projet économique à destination exclusive des grandes fortunes et people qui achètent ainsi, en un seul lot, la terre, la plage et la mer. On imagine aisément la plus-value générée pour une résidence secondaire louée ou vendue, avec, anneau en main, une place pour le yacht. Le vrai jackpot !

Après la privatisation des plus beaux sites terrestres de Corse, on assiste à présent à la privatisation des plus beaux sites marins. Car aucune protection ne vient freiner la boulimie marchande : réserve naturelle, parc international ou site Natura 2000 ? Qu’à cela ne tienne ! Grâce à l’attitude, indigne, de l’État, rien ne vient entraver l’installation et la multiplication de ces mini nouveaux ports pour maxi revenus.

Alors indécence, perversité, sarcasmes ou dédain, voire les quatre, le fait est que ces « protections » ne sont qu’habillage, ghjandaghje vestute da paoni,  destiné à gonfler les surfaces des aires marines protégées. Coquille vides servant d’alibi à des discours surfaits.

A la dépossession accélérée de la terre, course frénétique au profit, vient se greffer aujourd’hui la mainmise sur les espaces marins.

Iè viramenti, Tarra, Mari è Omu unu sò. Tarra, Mari è Omi uniti sò in la disgrazia.

Associu U Polpu 

AP palumbaghjade6AP Cala di Purcili

mouillage Lecci

mouillage Pietrusella

murtoli