L’ancien président de Wendel Investissement implante sa villa sur le DPM. L’État laisse faire.

Sur la commune de Petrusella, sur la rive nord de l’Isulella, l’ancien président de Wendel Investissement a bâti sa villa en partie sur le domaine public maritime. L’État laisse faire. Mais pourquoi ?

 

Une promenade sur le littoral de la commune de Petrusella (2A) est édifiante. Chacun le sait : le domaine public maritime est inconstructible et inaliénable (DPM1). Chacun le sait mais d’aucuns veulent l’ignorer : quais, murs de béton et ports privés ont fleuri. Ces d’aucuns -là, du reste, ne sont pas les plus démunis.

Petrusella. Construction Lafonta sur le DPM
 

 

 

Ainsi, sur le littoral de Petrusella, la parcelle AC 144 mérite une attention particulière. Propriété du DPM, comme en atteste le cadastre, ce lot de terre supporte une partie(2) de l’imposante maison de Jean Bernard Lafonta, l’ancien président du directoire de Wendel Investissement. La bâtisse a été reconstruite en 2011 après sa destruction partielle, en août 2010, revendiquée par le FLNC.

Une construction sur le DPM ! Les services de l’État ont-ils dressé une contravention de grande voirie contre cette construction illégale ou bien font-ils l’autruche ? Car, outre le fait d’une occupation illégale, c’est également l’attitude de l’État qui interpelle.
Pour ce qui est des déclarations d’intention : tout baigne ! Le 6 septembre 2010, le préfet Strzoda ne déclarait-il pas «l’État est déterminé à faire respecter le droit en Corse pour les occupations du DPM, comme pour le reste ». « Nous allons maintenir la pression sur ces établissements en contrôlant l’ensemble des aspects de leur activité, qui est illégale du simple fait qu’elle s’exerce sans autorisation sur le DPM ». Il faut dire que cette prise de parole du haut fonctionnaire intervenait au lendemain de l’agression de l’équipe de FR3 Corse par M. Carta sur la commune voisine de Coti.

Alors, les actes… ???

Sur la commune voisine de Coti, l’établissement A Pineta a fonctionné tout l’été 2012. Cette commune cumule à elle seule l’existence de cinq établissements illégaux. L’État serait-il devenu incapable d’exercer sa suprématie et de faire respecter nos lois ? À moins que d’autres explications plus tortueuses se profilent.

Mais, pour en revenir à Petrusella, il est vrai que Jean Bernard Lafonta n’est pas monsieur tout le monde.
En 2011, l’agence Reuters enquêtait sur sa mise examen pour délit d’initié dans l’affaire Saint Gobain. « Le montage litigieux, destiné à associer les dirigeants de Wendel au capital du groupe, a notamment bénéficié à Ernest-Antoine Seillière, qui fut président du conseil de surveillance de Wendel, ainsi qu’à Jean-Bernard Lafonta, ancien président du directoire de Wendel. Le fisc estime que les sommes auraient dû être déclarées comme salaires et réclame donc, avec les pénalités, environ 240 millions d’euros, dont 100 millions pour le seul Jean-Bernard La Fonta et 50 millions pour Ernest-Antoine Seillière. »

L’État démissionnaire ou État complice ? Quoi qu’il en soit, pouvons-nous être un peuple résigné qui cautionnerait en silence une démocratie indigne ?

Sur le cadastre de Petrusella, la parcelle 144 est identifiée comme propriété du DPM

 

 

 

_________________________________________________________________________________________

26 août 2010. Opération commando contre la villa de l’ex-président du groupe Wendel
_________________________________________________________________________________________

Une véritable opération commando a été menée hier soir vers 22 heures contre la villa de Jean-Bernard Lafonta, ancien président du directoire du groupe Wendel. En milieu de soirée un groupe d’hommes dont le nombre n’a pas encore été déterminé est entré dans la propriété de bord de mer située à l’Isolella, sur la commune de Petrosella. Après avoir traversé la pinède, les clandestins sont entrés dans la maison. Jean-Bernard Lafonta était présent avec son épouse, ses enfants et des amis de la famille. Toutes les personnes présentes ont été conduites à l’extérieur de la villa, construite les pieds dans l’eau. Puis regroupées dans une maisonnette qui se trouve sur la même propriété, plus près de la route et  occupée par des locataires.

Six déflagrations. Les témoins présents ont ensuite entendu six déflagrations, très vite suivies d’un incendie. De très hautes flammes étaient visibles, le feu s’étant propagé aux pins environnants. Hier soir, les pompiers luttaient toujours contre le sinistre. Mais aucune victime n’était à déplorer. Les démineurs devraient ensuite intervenir pour désamorcer d’éventuelles charges non explosées. Les gendarmes avaient mis en place un périmètre de sécurité. L’enquête devrait être rapidement initiée par les magistrats antiterroristes du parquet de Paris. Cela faisait de nombreuses années qu’une opération commando de cette envergure n’avait pas eu lieu en Corse. Pour l’heure cependant il est impossible de savoir si cette action a d’ores et déjà été signée par une organisation clandestine.

Installé depuis 7 ans. Jean-Bernard Lafonta avait racheté la propriété il y a environ sept ans après être venu en vacances pendant des années sur la rive-sud. Il avait entièrement réhabilité la maison du bord de plage qui était devenue sa résidence secondaire. Il est encore trop tôt pour savoir s’il la reconstruira et continuera de passer ses vacances dans le golfe d’Aiacciu.

source : Corse Matin- vendredi 27 août 2010

_________________________________________________________________________________________

 

1. Domaine public maritime ou DPM
• Sur le DPM, en dehors des zones portuaires, dans les zones “naturelles”, on ne peut porter atteinte au DPM par des travaux sans rapport avec la présence de la mer (article L2132-3 CGPP issu directement de l’ordon. de 1681, et L2124-2 CGPP) donc tout ce qui est en dur doit être détruit.
• Aucune prescription n’est possible : le domaine public, qu’il soit maritime, fluvial ou routier est imprescriptible. Si la construction avait soi-disant une autorisation, celle-ci est illégale et, dans tous les cas ne fait pas obstacle à l’OBLIGATION pour la DDTM de dresser procès-verbal (on parle de “contravention de grande voirie”).

2. L’autre partie de la construction étant édifiée sur la parcelle 143.