Submersion des zones littorales : comment anticiper ?

  • Extrait de La montée du niveau de la mer – La dure vérité  De Aurélie Blanfuné et Charles-François Boudouresque. C.F. 2018, Le Tropézien, 103 : 18-19 – 1.Un peu d’histoire*, 2.La dure vérité**.

Submersion des zones littorales: aujourd’hui, la question n’est plus « comment lutter ? », mais « comment anticiper? »

« Le problème est constitué par l’homme moderne et ses villes côtières, construites lors d’un bref épisode (4 000 ans) de remontée très lente du niveau de la mer. Le problème est constitué par l’homme post-moderne, construisant frénétiquement au plus près de l’eau, presque pieds dans l’eau, villas et marinas. Un milliard d’habitants vivent aujourd’hui dans des zones inondables du fait de la montée du niveau de la mer.

Outre la submersion des zones littorales, la montée du niveau marin accroît significativement l’agressivité de l’hydrodynamisme et accélère le recul des plages et du trait de côte, comme l’ont montré Yves Lacroix et ses élèves, à l’Université de Toulon.

Habitants de Port-Grimaud en particulier, du bord de mer en général, ne croyez pas que la submersion ne concernera que vos arrière-petits-enfants ! Elle va venir très vite et vous la connaîtrez de votre vivant. Ne croyez pas que 67 millions de Français payeront la construction de digues dérisoires pour protéger des villas qui n’auraient jamais dû être construites. La Nouvelle Orléans, Miami, Port-Grimaud, le tombolo de Giens, les quartiers bas de Marseille, etc., seront inévitablement submergés. Aux Saintes-Maries de la Mer, ce sera encore plus rapide, en raison de l’enfoncement de la Camargue. La question qui se pose aujourd’hui n’est plus : le niveau de la mer monte-t-il ? Ce n’est pas non plus: peut-on y remédier? C’est plutôt : que ferons-nous des marinas et des villas submergées ? Des récifs artificiels pour les poissons ? Faudra- t-il les détruire pour rendre le littoral à la nature ? Mais qui payera ?

Il est urgent que les communes littorales révisent leur PLU (Plan local d’urbanisme) et interdisent toute nouvelle construction en dessous de l’altitude 2 m (par rapport au zéro NGF – Nivellement Général de la France ). Il est consternant de constater que le sujet est tabou pour la plupart des communes littorales. Craint-on de faire peur aux « gogos » nordiques acheteurs de futurs récifs artificiels pour poissons ? La ville d’Hyères dépense chaque année des millions d’euros pour tenter désespérément d’empêcher l’inéluctable ouverture de l’étang des Pesquiers sur la mer. Des norias de camions apportent, après chaque tempête du sable, qui aussitôt part vers le large.

Aujourd’hui, la question n’est plus : « comment lutter, mais « comment anticiper ? »

En espérant (en étant optimiste) que la communauté internationale, dans le cadre des accords de Paris, parvienne à limiter les dégâts. »

* Un peu d’histoire

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** La dure vérité

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