Collision et pollution maritime au large du Cap Corse auraient pu être évitées !

Si le périmètre du Parc Naturel Marin avait respecté les recommandations du Conseil National de protection de la Nature de 2015 et 2016, le porte containeurs chypriote n’aurait pas pu mouiller sur la zone des atolls coralligènes considérée comme très précieuse pour la biodiversité.

Accord de Paris (CoP 21) : « … il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans, et à la protection de la biodiversité…’ »

D’après la presse, le porte-conteneurs qui a été éventré au Nord-Est du Cap Corse était amarré depuis le 28 septembre sur le haut fond appelé « le Rocher des Veuves », entre la limite des eaux territoriales et celle du Parc Naturel Marin. U Levante et FNE sont scandalisés par ces mouillages connus et tolérés sur une zone unique à l’échelle de la Méditerranée et par le silence des autorités sur ce point. En effet il s’agit d’un des deux secteurs où sont concentrés les « atolls de coralligènes », monuments naturels uniques qui constituent un haut lieu de biodiversité :

http://www.institut-paul-ricard.org/?ATOLLS-SOUS-MARINS-DU-CAP-CORSE

La totalité des atolls coralligènes n’a pas été incluse dans le périmètre du PNM malgré la demande de la Commission des aires protégées du Conseil National de la Protection de la Nature, au cours des séances du 17 décembre 2015 et du 8 juin 2016 :

Le 17/12/2015 : « que le périmètre du parc soit étendu au Nord du Cap Corse jusqu’à la frontière maritime avec l’Italie, afin d’inclure la zone du Rocher des Veuves »

Le 8 juin 2016 : ” que le périmètre du parc soit étendu au Nord du Cap Corse jusqu’à la frontière maritime avec l’Italie.”

Le CNPN n’était pas le seul ! L’Exécutif de Corse demandait également, en avril 2016, « que les limites proposées soient étendues aux limites des eaux actuelles séparant la France de l’Italie. »

France Nature Environnement et U Levante proposaient également, le 8 juin 2016, « l’élargissement du périmètre au Nord/Est (notamment pour intégration de la zone du “Rocher des Veuves”) jusqu’en limite des eaux territoriales. »

Christine et Gérard Pergent, professeurs à l’Université de Corse, spécialistes du milieu marin, experts internationaux, avaient insisté sur ce caractère exceptionnel et demandé l’inclusion de ces hauts fonds dans le Parc en mars 2016 lors d’une réunion de la Préfecture Maritime sur le Plan d’Action Milieu Marin Méditerranée et en décembre 2016 lors de la venue de Ségolène Royal à Bastia.

Image (Comex, AFB, Université de Corse) d’un de ces atolls :

Dimension des atolls : 25 mètres environ

Hélas ces propositions émanant de scientifiques reconnus, de l’Exécutif de Corse et d’associations de protection de l’environnement n’ont pas été retenues. Pourquoi ?

Le motif officiel de la « non intégration » d’une partie de ces formations est qu’elles se situaient en dehors de la ZEE* et qu’il était donc impossible de les intégrer… Encore une fois la protection d’une zone exceptionnelle a été refusée pour des raisons politiques car une partie de la ZEE (qui intègrerait tous les atolls) n’est pas encore validée par l’Italie.

Conséquence directe : des bateaux peuvent s’y ancrer et donc détruire ces fonds d’une biodiversité exceptionnelle. Une aberration.

U LEVANTE et FNE demandent :

–       l’interdiction de mouillage sur ces hauts fonds d’une biodiversité exceptionnelle,

–       l’agrandissement du PNM de Corse pour inclure ces atolls dans le cadre du PLAN BIODIVERSITÉ adopté par le gouvernement en juillet 2018 (Action  38 : Nouvelle  stratégie d’aires marines protégées pour 2019).

 

*ZEE : La Zone Économique Exclusive est une bande de mer ou d’océan située entre les eaux territoriales et les eaux internationales, sur laquelle un État riverain (parfois plusieurs États dans le cas d’accords de gestion partagée) dispose de l’exclusivité d’exploitation des ressources.

U Levante et France Nature Environnement

15 octobre 2918