Les travaux reprennent dans la mine d’amiante de Canari

Les travaux doivent reprendre en octobre. Les risques sanitaires sont très importants et non maîtrisés. Si l’Ademe et Vinci ne s’astreignent pas à appliquer strictement la législation qui protège les travailleurs actuels sur le site, il est à craindre que la triste liste des morts par mésothéliome, cancer du poumon, s’allongera encore.

Communiqué de U Levante. En 2009-2010 la mine de Canari est une friche industrielle constituée par le flanc abrupt d’une montagne recouvert de dépôts amiantifères sur 600 mètres de hauteur pour un dénivelé important de 460 mètres, deux profondes excavations d’une centaine de mètres de diamètre, deux anciennes usines de traitement et leurs annexes, une route départementale qui passe entre les pentes chargées de rebuts amiantifères de l’exploitation et l’ancienne usine et des stériles et les éboulis amiantifères léchés par la mer, 100 000 m3 de rebuts constituant un cône côtier, un golfe (celui de San Fiurenzu) dans lequel ont été déversés 12 millions de tonnes de déchets, sans oublier les plages d’Albo et de Nonza constituées de galets de serpentinite amiantifère. En plus des risques de glissement de terrains, les risques sanitaires d’exposition par inhalation d’amiante y sont très importants,

À partir de septembre 2009, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), maître d’ouvrage, a pris en charge, NON la réhabilitation de la mine, mais la réalisation d’une piste afin d’enlever par camions les déblais, de freiner le ruissellement des eaux pluviales et d’empêcher les éboulements sur la route.
Les travaux prévus par l’État et l’Ademe ne portent ni sur la sécurisation du site pour la santé (seuls des essais de revégétalisation sont prévus en fin des travaux), ni sur l’usine en ruine, ni sur les rebuts côtiers.Ineris : Institut national de l’environnement industriel et des risques.

Dès 1996, Ineris avait souligné que les travaux de mise en sécurité du site et les travaux routiers devaient être étudiés conjointement et tous les envols et relargages atmosphériques des fibres d’amiante être réduits au maximum et maîtrisés afin que soit contrôlé l’envol des poussières et que soient assurées l’hygiène et la sécurité des travailleurs. Ineris est chargée d’évaluer la pollution engendrée.
Vinci Construction : entreprise principale chargée des travaux

2010-2011. Le choix de créer une piste, les travaux de terrassement et l’utilisation d’un hélicoptère pour héliportages ont été à l’origine d’une dispersion très importante des fibres d’amiante dont le taux réel n’est pas mesuré et qui a mis en danger les ouvriers comme les automobilistes. Le système d’arrosage prévu est inadapté et, d’ores et déjà, avant même la réalisation de la piste dans les pentes du site, les travailleurs ont, de manière certaine, été exposés à d’énormes quantités d’amiante allant jusqu’à plusieurs milliers de fibres par litre d’air et cela dans un milieu ouvert…
La valeur limite légale actuelle est de 100 fibres par litre pour les travailleurs et de 5 fibres par litre pour la population. Sans oublier que le rapport de l’ANSES de novembre 2010 demande que ces taux soient respectivement divisés par 10 et par 5 !
A Canari, l’exploitation de l’amiante, substance hautement cancérogène, a été la cause de nombreux décès. Si l’Ademe et Vinci s’astreignent pas à appliquer strictement la législation qui protège les travailleurs actuels sur le site, il est à craindre que la triste liste des morts par mésothéliome, cancer du poumon, s’allongera encore.