U Ponte di U Vechju : a-t-on vraiment besoin d’un projet d’éclairage ?

Alors que tous les voyants sont au rouge, que les cris d’alarme se multiplient contre l’actuelle destruction frontale des écosystèmes par l’homme et que les économies d’énergie deviennent une urgence, l’Assemblée de Corse a approuvé le 29 octobre 2015 un projet de « mise en lumière » du pont ferroviaire du Vecchio.

Long de 140 mètres, ce pont remarquable et emblématique du patrimoine historique ferroviaire fait l’objet d’une démarche de valorisation qui, dans l’ensemble, semble contribuer à l’attractivité du territoire. En revanche, a-t-on vraiment besoin d’un éclairage du pont avec notamment une « variation de couleurs sur le tablier métallique et les arches latérales », comme le recommande la Collectivité de Corse ? Au-delà du coût estimé de 470 000 euros hors taxes pour cette seule opération, les coûts environnementaux liés au sur-éclairage en valent-ils la chandelle ? Sur une île largement dépendante de l’énergie extérieure et qui produit majoritairement une électricité lourdement carbonée[1], ce projet coûteux et énergivore apparaît plus comme un « joujou » institutionnel que comme une priorité pour le développement de la Corse.

D’ailleurs, à l’échelle de la région ne devrions-nous pas envisager la mise en place d’une politique ambitieuse de réduction de consommation d’énergie ? Plutôt que d’éclairer des monuments sur des sites si peu fréquentés, pourquoi ne pas couper l’éclairage public à partir d’une certaine heure de la nuit, à l’instar de certaines communes[2] ? Ou mettre en place là où c’est nécessaire des détecteurs de présence qui modulent la luminosité en fonction de la fréquentation ?[3]

La sobriété énergétique est à portée de main… Pour qui veut bien s’en saisir…

Enfin, comble de l’ironie, pendant que la collectivité se gargarise de l’héritage d’Eiffel -dessinateur des plans du pont du Vechju- pour légitimer son projet d’éclairage faramineux, la tour Eiffel se voit progressivement soumise à des programmes de diminution de sa consommation d’énergie : elle est même éteinte à l’occasion de l’Earth Hour, pour témoigner d’un engagement contre le changement climatique…

[1]Dans des centrales thermiques au charbon et au fioul

[2]Par exemple Saumur (Maine-et Loire) ou encore Châtellerault (Vienne)

[3]Exemple de la ville de Nîmes